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C'est déguisé en guérilleros mexicains tendance zapatistes, affublé de sombreros, de cartouchières et de moustaches, que le groupe de Belgrade nous revient, dix huit ans après "Unza unza time" (2000), pour ce nouvel album studio baptisé "Corps Diplomatique".
Un clin d'œil cinématographique un peu foutraque qui correspond autant à leur musique qu'à l'œuvre du génial cinéaste franco-serbe qui leur sert de mentor, de guitariste et désormais de chanteur. En effet, dans le grand melting-pot aux profondes et solides racines balkaniques du No Smoking Orchestra, tout ce qui sert à danser et faire la fête est le bienvenu.
Valse country, cuivres et fanfares gitanes, musette, marches turques, sample techno, punk-rock, rythmes sud-américains, danse Kolo serbe... Emir Kusturica a baptisé ce joyeux bordel, truculent, frénétique et imprévisible, la «Unza unza» musique. Bien courageux qui oserait le contredire.
Fondé en 1980 à Sarajevo, Zabranjeno Pušenje (soit : interdit de fumer) met la Yougoslavie post-Tito à l'heure du garage rock. Emir Kusturica intègre le groupe à la basse six ans plus tard, avant que la guerre n'éclate, scindant la formation en deux entités distinctes, l'une à Zagreb, l'autre à Belgrade sous le nom du No Smoking Orchestra. Après avoir collaboré avec Goran Bregovic, le cinéaste confiera à son groupe les musiques de "Chat noir, chat blanc", de "La vie est un miracle" ou de "On the milky road" .
Ainsi depuis 20 ans , Emir Kusturica profite de chaque trou dans ses plannings pour parcourir le monde avec sa bande de joyeux drilles déjantés. Un groupe sans égal pour faire revivre, en quelques notes de tuba, saxophone et violon, tout l'imaginaire fantasmatique des Balkans.